Fiche-lecture - Parcourir sa vie – Jean-François Draperi


Parcourir sa vie
Se former à l’autobiographie raisonnée
Jean-François Draperi
Presse de l’économie sociale, 2010, 220 pages.


Cette fiche de lecture a été rédigée dans le cadre de la recherche-action que je mène actuellement, les propos de la section « commentaires personnels » sont, au départ, destinés à mes collègues de promotion. Néanmoins, je pense que cette fiche de lecture peut s’adresser au plus grand nombre pour une première découverte du contenu du livre.

L’auteur

Jean-François Draperi est directeur du Centre d’économie sociale Travail et société (Cestes) du Conservatoire national des arts et métiers (Cnam, Paris) et rédacteur en chef de la Revue internationale de l’économie sociale (Recma). [Présentation 4ème de couverture] Concernant l’autobiographie raisonnée, il se revendique comme un des disciples d’Henri Desroche, lui-même créateur de cette démarche et également du Collège Coopératif de Paris. En dehors de cet ouvrage, Jean-François Draperi forme des stagiaires à cette démarche dans le cadre de formations type Master au Cnam ou également lors de stages spécifiques de 3 jours.
Il a écrit ou participé à l’écriture d’une quinzaine d’ouvrages autour de l’économie sociale, les coopératives et la coopération dont : – L’économie sociale, Utopies, pratiques, principes, Presse de l’économie sociale, Paris, 2010 (10e éd.), 125 p.
Godin, inventeur de l’économie sociale, Éditions Repas, 2008, 192 p.
Penser la participation en économie sociale et en action sociale, coordination en collaboration avec B. Bouquet et M. Jaeger, Dunod, 2009, 277 p.

Le livre

Ce livre de petite taille se veut être une version plus accessible que le texte de théorisation de la démarche rédigée par Henri Desroche en 1984, « il résume, commente et complète les indications fournies […] dans Entreprendre d’apprendre en vue de faciliter une pratique élargie de l’entretien et d’engager un débat autour de ses fondements théoriques »Jean-François Draperi, Parcourir sa vie : se former à l’autobiographie raisonnée, 2010, page 9.

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L’ouvrage se découpe en deux grandes parties : Pratique de l’entretien et théorie de l’entretien.

Propos de l’ouvrage

Le but premier de ce livre est de faire découvrir et rendre accessible la démarche d’autobiographie raisonnée. A travers cela, Jean-François Draperi souhaite également resituer l’historique, présenter Henri Desroche et nous donner son approche au travers de ses diverses expériences.
La première partie sur la « pratique de l’entretien » est découpée en trois sous-parties.
Elle est, tout d’abord, axée sur l’introduction générale à la démarche d’autobiographie, l’intérêt du travail personnel et les enjeux du « connais-toi ». En parallèle J-F Draperi en profite pour expliquer la posture générale de Desroche et notamment ses choix de non transmission orale de la démarche.
Ensuite, il aborde toute la description de la démarche d’autobiographie en tant que tel. La première phase concerne l’entretien. Il présente les deux protagonistes ainsi que leurs rôles de « personne-projet » (celle qui cherche à travailler son récit de vie) et celle de « personne-ressource » (l’interlocuteur nécessaire au processus). Il détaille aussi tout ce qui touche à la forme de l’entretien : le choix du lieu, la durée et le contexte, la prise de notes… Cette partie là est avant tout une question de posture : le juste-milieu empathique, la bonne distance relationnelle et les travers psychologiques. La seconde phase quant à elle, concerne seulement la « personne-projet », qui se retrouve seule avec ses notes afin de rédiger elle même ce qu’ils (Desroche et Draperi) nomment la notice de parcours.
Enfin, la partie « pratique » se termine par une contextualisation de cette démarche dans le travail de Desroche. C’est une démarche qu’il s’était construite pour lui-même dans le but d’aider les personnes venant le rencontrer à travailler sur leur récit de vie. Il voyait cela comme un préalable à une démarche de recherche-action et donc, pour ce qui le concerne, dans le cadre d’un DHEPS au Collège Coopératif.
La seconde partie, « théorie de l’entretien », (re)situe l’autobiographie raisonnée dans la grande famille des histoires et récits de vie et de l’autoformation et aussi d’un point de vue sociologique. J-F Draperi part de la philosophie antique et la maïeutique de Socrate pour aller jusqu’à la naissance de la recherche-action et de la sociologie de nos jours en passant par la biographie historique. A la fin de l’ouvrage, deux annexes viennent enrichir les deux parties. Une première est un entretien entre J-F Draperi et H. Desroche et la seconde est une présentation d’une expérience de recherche-action – et de mise en pratique de l’autobiographie raisonnée – au Cap-Vert.

Commentaires personnels

Je trouve ce livre très facile d’accès. Il a été pour moi une porte d’entrée dans la grande famille des histoires et récits de vie et de l’autoformation. Je ne pense pas que J-F Draperi l’ai forcément pensé comme tel. L’intérêt que j’y trouve est double : bien comprendre la démarche et la posture qu’implique l’autobiographie raisonnée pensée par H. Desroche et à travers cela questionner de manière plus générale l’intérêt du travail sur soi à travers son récit de vie. Je vois l’autobiographie raisonnée comme une démarche parmi d’autres de travailler – ou faire travailler les autres – sur son parcours de vie.
Concernant l’écriture de la fiche de lecture de ce livre, l’exercice n’est pas facile. Il m’a fallu parler de cette démarche sans rentrer dans une synthèse, car je trouve que cela aurait été réducteur pour sa compréhension globale. C’est pour moi l’argument premier qui me fait conseiller la lecture de ce livre : comprendre toute la nuance de la posture de la « personne-ressource ».
Pour H. Desroche comme J-F Draperi, l’autobiographie n’est ni un outil, ni une méthode mais bien une démarche. On le voit notamment dans le choix fait par Desroche de ne pas transmettre à l’oral. Il ne souhaitaient pas non plus, au départ, de transmission écrite. C’est qu’en 1984 qu’il pose par écrit une théorie de la démarche sous la pression de milieux (Bilans de compétences, management…) qui commençaient à l’utiliser d’une manière qu’il ne lui semblait pas correspondre à sa philosophie.
A travers cet ouvrage on découvre aussi le « personnage » qu’était Henri Desroche et également sa posture de pédagogue qu’il a longuement réfléchi. Je retiens notamment de cet ouvrage « l’articulation des logiques pédagogiques d’Henri Desroche ». Il théorise sa pédagogie autour de 4 modèles : « didactique (c’est la pédagogie de l’objet), maïeutique (c’est la pédagogie du sujet), dialectique (c’est la pédagogie du trajet) et logistique (c’est la pédagogie du projet) »Ibid, page 98.

. Théorie que l’on retrouve plus détaillée dans son ouvrage Entreprendre d’apprendre.